Il paraît que le plateau est dur...

Et les statistiques ne mentent pas.


D’ailleurs, on me connaît aujourd’hui sur YouTube comme « le mec qui fait 30 secondes au parcours lent sans forcer ».


Mais je t’assure qu’avant d’en arriver là, j’ai moi-même galérer sec pour réussir le plateau à l’époque.


La version courte c’est que, après avoir dépensé pas mal d’argent en leçons sans que les résultats soient là, au bout d’un moment, je me suis dit :


« Laisse tomber, je peux pas continuer à cramer du pognon comme ça… Je vais m’acheter une bécane, quelques cônes et je vais m’entraîner sur un parking fermé à la circulation » (avec l’aide de mon pote Adam)


Adam, c'est le genre de mec qui a toujours piloté des "engins motorisés" à tout âge.


Les motos... ça a commencé il y a à peu près 20 ans en bidouillant de la YZ pour finir sur du GSXR-1000 quand il a eu l’âge et le permis pour en conduire un.


Il est aussi passé par : le kart en compétition, pilote d'avion privé, et maintenant commercial

Donc ouais, niveau pilotage, c'est Monsieur avec un grand M :-) Et j’ai eu l’énorme chance de l’avoir à mes côtés.


Parce que c’est bien lui qui m’a aidé à débloquer mon plateau à l’époque en m’apprenant la moto de façon complètement différente ce que j’avais pu voir en école ou sur internet.


Quelques années plus tard, je m’installe à Toronto, en Ontario, au Canada… Et ironie du sort, je dois repasser mon permis moto là-bas. Ils reconnaissent le permis bagnole, mais pas bécane.


J’te cache pas que ça m’a bien fait ch**r de rajouté $470,00 à ma facture totale de permis moto. Mais en contrepartie, ça a été l’occasion rêvée de voir comment ça se passe par rapport à la France, de comparer quoi.


Et là, grosse surprise !

La façon dont ils enseignaient la moto pendant leur équivalent du plateau était exactement la même façon de faire que mon pote Adam à l’époque.


Dès que je suis sorti de là, j’ai sauté sur mon téléphone pour lui raconter cette aventure. J’étais comme un fou ! Devines ce qu’il m’a répondu !


« Ben ouais mec… rappelles-toi… à l’époque où tu passais ton permis moto, moi je venais de rentrer de Londres… c’est comme ça qu’ils te l’apprennent là-bas et c’est comme ça que je te l’ai appris aussi ! »


(Pour la petite histoire, Adam a vécu 2 ans à Londres et c’est donc en Angleterre qu’il a passé son permis gros cube, à une époque où ne parlait même pas encore du Brexit)


Angleterre, pays anglo-saxon…

Canada, pays anglo-saxon…


Je me suis dit... Tiens, est-ce qu’il y aurait pas un truc ?


Donc, je suis allé enquêter...

Le choc : plus de 90% de réussite au plateau en 15h de leçons

Avant de rentrer dans les statistiques, deux petits commentaires à propos des données disponibles…


1) Les dernières données disponibles publiquement datent de février 2020 et portent sur l’année 2018 et 2017.


2) Au 1er mars 2020, le plateau change suite à la réforme du permis moto. Pour résumer l’affaire, le principal changement est que plateau devient « tout-en-un ».


C'est à dire que tu dois enchaîner les exercices tous à la suite, au lieu de un à la fois comme c'était le cas avant 2020.


Mais ça reste les mêmes exercices à effectuer (parcours lent, freinage d’urgence et évitement).


Donc, en attendant, on peut utiliser les derniers chiffres disponibles pour voir si le plateau est si dur que ça.

Les statistiques en France

Donc, chez nous, de 2013 à 2018, le taux de réussite au plateau a tourné autour de 60% tous passages confondus.

Source : Bilan des Examens du Permis de Conduire 2018, Ministère de l'Intérieur

C'est écrit un peu petit (merci le Gouvernement !) mais on voit que le taux de réussite tous passages confondus était même en légère baisse de 2017 à 2018, passant de 63,6 % à 63,4 %.


Ce qui veut dire qu'à peine plus d'une personne sur deux réussit son examen du plateau en moyenne.


Ce qui veut aussi dire qu'à peu près une personne sur deux le rate...


Et je parle en connaissance de cause.


La raison même pour laquelle ce site existe est parce que j'ai moi-même énormément galéré pour obtenir mon plateau à l'époque alors que j'avais pourtant une très bonne monitrice.


Alors, si on va voir chez nos voisins les anglais, qu’est-ce que ça donne à la même époque ?

Les statistiques en Angleterre

Sur la même période, le taux de réussite au plateau (le "MOD 1") chez eux a tourné autour de 70%


Source : Driver and Vehicle Standards Agency - Ministère des Transports d'Angleterre

Avec 2017 et 2018 qui tournent à 72% de réussite avec un plateau plus exigeant que le nôtre, c’est « un peu » mieux que chez nous.


Concrètement, si on applique cette différence de taux de réussite au nombre de candidats en France par an, ça voudrait dire 13 160 examens de réussis en plus sur l’année.


Et de l’autre côté de l’Atlantique alors ?

Les statistiques au Canada

En me renseignant avant de m'inscrire, j'ai découvert qu'en Ontario (la Province de laquelle Toronto fait partie), ils ont des taux de réussite de 90% au "Motorcycle Operator Skill Test" qui est leur équivalent du plateau.


Source : Motorcyle Training Organisation of Halton Peel

Traduction : "Les taux de réussite sont en moyenne au-dessus de 90% par weekend."


C'est pas une faute de frappe.


Quatre-vingt dix pourcent de réussite !


En un weekend.


(Note: en Ontario, c'est 15h de leçons intensives en un weekend pour passer son plateau)


A l’année, si on applique ce taux de réussite au nombre de candidats en France, ça voudrait dire 40 704 examens de réussis en plus chaque année.


Alors, soyons clair d'emblée de jeu. Le "plateau ontarien" est un poil plus facile qu'en France.


Mais c'est pas ça qu'il faut retenir parce que ça te ferait passer à côté du plus important, de la véritable source de ce qui amène ces gains de performance :


Leur façon d'enseigner la moto qui est radicalement différente de ce qu'on fait en France.


On était une douzaine à le passer et à part moi, il n'y avait qu'une personne qui avait de l'expérience à moto dans notre groupe.


Et ce qui m'a le plus frappé dans cette expérience, c'est la TRANSFORMATION de mes camarades d'examen.

Je n'ai pas eu le droit de filmer pendant que je repassais mon permis au Canada mais si je devais faire un dessin du résultat, ça donnerait quelque-chose comme ça (mais en bien plus moche vu mes talents innés de dessinateur :-))

Hommes comme femmes, de tous âges et tous de parfaits débutants, qui en un weekend de 15h de cours sont aptes à manoeuvrer une moto à allure rapide comme lente.


Dans notre groupe, il n'y a eu qu'une seule personne qui ne l'a pas eu. (On était donc dans les stats :-) )


Et encore, elle avait le droit de le repasser gratuitement le weekend d'après.


En bref, ils étaient tous au niveau pour réussir le plateau EN UN WEEKEND.


Imagine un peu le choc par rapport à ce qu'on peut voir au permis moto en France avec nos vingt, trente...


...voire quarante heures facile !


Depuis le début, depuis que j’ai goûté à comment le permis moto est dur financièrement en France…


...à comment il est dur émotionnellement en France… tu sais, quand t’entends tout le monde te dire que l'examen est archi dur et qu’il y a de fortes chances que tu vas le rater…


Depuis tout ce temps…


…une petite voix dans ma tête me disait (comme une intuition) que quelque quelque-chose d’assez profond n’allait pas dans la façon d’enseigner la moto en France.


Parce que quand t’y penses… au final… quelque soit le pays où tu conduis…


...à part, à la limite, le code de la route, conduire une moto demande d'apprendre exactement les mêmes savoirs-faire techniques, quelque soit le goudron où tu poses ton pneu.


Et c’est là où ces expériences et ces chiffres ont confirmé cette intuition initiale.


A tel point qu’en début d’année, j’ai passé plusieurs heures à interviewer des dizaines et des dizaines d’apprentis-motards et de motards qui venaient d’obtenir leur permis moto pour mieux comprendre ce qui n’allait pas au plateau en France.


Tout ce travail de recherche et d’analyse m’a permis de tirer deux conclusions principales :


1) Le plateau n’est pas dur, mais exigeant. Par contre, il est rendu dur par la façon dont il est enseigné en France.


2) Tous ces problèmes récurrents que j’ai pu observé chez les apprentis-motards interviewés peuvent se ranger dans ce que j’appelle maintenant :


Le « syndrome du motard débrouillard ».


Tu veux savoir comment éviter d’en être atteint ? Alors, je te dis rendez-vous à la page suivante ;-)